Laurent Pisoni, architecte d'intérieur

Paris, décembre 2019

Un appartement sur les bords de Seine dans un immeuble du 17ème siècle et une décoration tout en noir et blanc constituent la toile d’expression du style minimaliste de l’architecte d’intérieur Laurent Pisoni.


Il nous accueille chez lui pour nous parler de son métier et de sa passion pour l'art contemporain.

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Laurent Pisoni et je suis architecte d’intérieur. Je réalise des projets d’appartements, ainsi que des maisons. J’ai eu la chance notamment de faire une maison au Mexique dont le chantier a duré 2 ans. J’aime aussi faire des maisons à la campagne car ça me fait sortir de la ville, j'y retrouve la nature et cela m'offre un domaine d’expression qui est plus important que dans un appartement. De manière plus épisodique il m'arrive de faire des bureaux, des boutiques...

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?

J’ai toujours eu envie de faire ça. Mon père m’a poussé à acheter un appartement quand j’avais à peine 18 ans. Il m'a prêté l’argent pour les frais de notaire et j’ai commencé à faire des travaux dans l’appartement. J’y ai vraiment pris goût ! Par la suite j’ai fait d’autres appartements, y compris plusieurs pour moi, et c’est comme ça que je suis venu à l’architecture.

Comment définissez-vous votre style ? Est-ce que votre appartement en est représentatif ?

Ah oui complètement ! C’est un style minimaliste, mais sans être froid. Il y a beaucoup de banquettes, de placards, beaucoup de choses tout en longueur. Et toujours du blanc.

Où trouvez-vous vos inspirations ?

L’art est une grande source d’inspiration, mais la nature aussi. Même si on ne s’en rend pas toujours compte, il y a déjà plein de lignes tracées dans la nature. Les voyages m’inspirent également. Et il y a les confrères, les autres architectes. Des gens comme John Pawson et Mies Van Der Rohe.

Quel matériau aimez-vous le plus travailler ?

J’aime beaucoup la pierre, le marbre. Il est souvent omniprésent dans mes projets. J’ai même dessiné une collection de meubles en marbre.

Et USM, c’est arrivé comment dans cet appartement ?

USM, c’est une vieille histoire d’amour ! Ce sont des meubles que je connais depuis très longtemps, avant même l’ouverture du showroom de la rue de Bourgogne ! J’en ai mis chez des clients et chez moi. J’aime le côté épuré, pratique et stylisé. J’aime que ce mobilier soit modulable à souhait. Au départ j’avais pris le meuble de ma chambre en bahut, c’est-à-dire juste avec deux éléments de haut, et je me suis rendu compte que ça manquait de place, alors j'ai commandé une troisième tranche et c’est comme ça qu’il a grandi, qu’il a poussé !

Vous êtes collectionneur. Vos clients aussi ?

Oui tout à fait et il y a des clients que j’ai amené à ça, qui ne connaissaient pas du tout l’art contemporain. J’ai notamment un client qui y a pris goût et à qui j’ai fait acheter une pièce de Sylvain Couzinet-Jacques. C’était la première oeuvre qu’il achetait de sa vie !

Et vous, vous collectionnez depuis longtemps ?

Presque depuis toujours. J’ai commencé à l’âge de 18 ans à acheter des petits dessins, des petits choses abordables. Et de fil en aiguille j’en ai acheté d’autres, comme cette oeuvre par Martial Raysse par exemple. Ce n’est pas sa pièce la plus connue, on le connaît plutôt pour ses portraits de femmes aux lèvres en néon...

J’ai encore des oeuvres dans un entrepôt qui sont des acquisitions datant de ma jeunesse et qui n’iraient plus aujourd’hui sur ces murs, mais je les garde au cas où un jour j’aurais plus d'espace. J’aime bien les salles des ventes donc j’achète chez Sotheby’s. Et dans les galeries également.

Quel conseil donneriez-vous à un jeune collectionneur ?

Mon conseil serait de partir sur des petites galeries, pas les grands ténors. Quand on démarre il faut voir, voir, voir… et surtout ne pas avoir peur d’acheter ! Il y a une jeune galerie dans le 9ème arrondissement que j’aime qui s’appelle La Cité et qui a des choses abordables. Ils représentent notamment un artiste américain que j’aime beaucoup qui s’appelle Tyrell Winston.

Qu’est ce qui déclenche chez vous l’envie d’acheter une œuvre ?

C’est quand ça me plaît, c’est uniquement la passion. Et ce qui est amusant, c’est qu’en fonctionnant uniquement au coup de cœur, ma collection devient cohérente.

Est-ce que la décoration rentre dans vos prérogatives ?

Ça dépend vraiment du client. J’ai fait un appartement rive gauche que le client m’a confié de fond en comble. J’ai fait jusqu’aux petites cuillères ! Pour un chantier en cours c'est pareil, je vais tout faire. Le linge de maison, la vaisselle… c’est pour quelqu’un qui vit à Londres et qui n’a pas le temps de s’en occuper.

Avec le temps les tendances changent, les demandes des clients également ?

Effectivement. Les clients ont changé, il y a beaucoup d’émissions de décoration, beaucoup de presse spécialisée donc les clients ont des goûts plus affirmés. Mais j’ai la chance d’avoir encore certains clients qui me laissent carte blanche. On valide les plans ensemble et une fois que c’est fait on ne retouche quasiment rien. Et ce sont évidemment les projets que je préfère puisque rien ne vient contrecarrer mon expression !

Nous remercions chaleureusement Laurent Pisoni pour son accueil et nos échanges passionnants. Vous pouvez découvrir son travail sur son compte Instagram @laurentpisoni.


Photographies : Alexandre Moulard